Tsunami post ploc

Vous le voyez lui là. Il n'a aucune idée du tsunami que ses parents viennent de traverser. Il s'en fout il se marre... Et pourtant on vient de traverser une belle zone de turbulences. Il faut dire que dans moins d'une semaine je vais reprendre le chemin du travail et qu'on ne peut pas dire que cette perspective me laisse tout à fait indifférente.
Depuis 6 mois, je me suis transformée en Super Mummy omnipotente , omniprésente. Je suis la Reine Mère qui gère avec efficacité et délice sa maison et ses enfants. Le soir pour me relaxer je lis quelques chapitres de « Flylady » ou de « S’organiser, c’est facile ».
Monsieur Maison Bastille ne s'en plaint pas. Le soir il rentre à 19h, s'assoit tranquillement sur le canapé pour lire le journal tout en caressant d'une main distraite la stagiaire velue.
Moi pendant ce temps je m'affaire dans ma cuisine en sifflotant gaiement au dessus de mes casseroles d'où un doux fumet s'échappe. La maison est enveloppée d’un tranquille bonheur familial. On se croirait dans un livre de lecture de 1940.
L'homme ne sait plus où se trouve le Shopi, il est heureux et moi aussi.
J'anticipe les besoins de chacun. Quand Joël Collado annonce l'arrivée d'une dépression en provenance du Royaume Uni, l'homme n'a pas eu le temps de terminer son bol de café que j'ai déjà passé commande sur internet d'une cagoule et d'un manteau pour Monsieur L. Je suis PAR-FAI-TE !
Mais le temps passe et la date du 10 novembre approche. Depuis quelques semaines je commence à me dire qu'il va falloir aborder des sujets aussi consensuels et festifs que la répartition du ménage et les courses. Il faudrait qu'on regarde ensemble comment organiser cette domesticité pour que mon esprit soit libéré des préoccupations matérielles.
Mais voila, Monsieur Maison Bastille qui depuis quelques temps a était frappé d'une cécité partielle, ayant entre autre effet une incapacité à voir quand la poubelle est définitivement trop pleine, ne semble pas voir l'urgence de la situation. Alors qu'il faut quand même le dire je ne pense pas pouvoir reprendre le travail sereinement si on ne sait pas ce qu'on va faire à diner le 17 décembre au soir ! S'ajoute à ça que le départ impromptu de l'homme au Maroc a pour le moins bousculé mon agenda et que j'ai dû entre autre reporter des rendez-vous médicaux à des horaires aussi pratiques que 19h le lundi soir ou 7h30 le vendredi matin.
Peu à peu l'inquiétude et la panique ont fait place à la colère. Mais comme je suis une femme de ressources (efficacité et anticipation ne l'oublions pas ), j'ai fait à l'homme une proposition alléchante par mail (sinon ce n'est pas drôle): la mise en place de la garde alternée de l'enfant. Tout était prévu dans ma tête : le descriptif de poste, la mise en place de back up en cas d'absence d'une de deux parties, la possibilité d'outsourcer la tâche avec la recherche d'une babysitter. Bref une proposition en bêton !
Et bien vous savez quoi  ? L'homme n'a pas du tout, mais du tout, était sensible à l'idée. Je dirais même qu’il a refusé d’un bloc mon dossier. Avec le recul je trouve qu'il aurait a minima pu reconnaitre la créativité de cette proposition pour le moins innovante.

Je pense qu'il a été a deux doigts de me faire interner... et j'avoue que cela m’a rappelé le jour ou au restaurant avec Mlle L, la demoiselle contemplant la table en verre me dit « ça serait chouette si on avait un aimant pour faire bouger les couverts ». Elle n'avait pas terminé sa phrase que je brandissais hors de mon sac... un aimant extra fort avec un sourire de contentement victorieux. Ma fille m'a d'abord jeté un regard incrédule vite balayé par un autre regard, de pitié cette fois : ma mère est définitivement dingue elle se trimballe avec des aimants extra forts dans son sac.


Alors oui je suis sans doute un peu barrée, très certainement excessive... mais deux jours après le tsunami post ploc j'ai eu mon retour de couche...
Je crois qu'on peut donc dire que je suis barrée, excessive et hormonale...

Je dédie ce post :
 - A toutes les femmes qui, un jour, ont été au bout du rouleau de Sopalin
- A Carole et Cat qui savent pourquoi ...