Puis Leonardo est tombé malade. Il a commencé à donner des signes de légère dépression, à être de plus en plus taciturne, jusqu’à devenir totalement éteint comme un réverbère en rase campagne sur le bord d’une départementale. Quand Kate lui parlait avec enthousiasme de la remontée sur Paris qu’elle avait imaginé, il haussait en silence les épaules le regard vide. Au bout de deux jours, alors qu’elle l’interrogeait sur l’heure la plus propice pour arriver au Suédois de Toulouse avant de regagner St Cirq La Popie puis Brive La gaillarde afin d’avoir des boulettes fraiches et des frites croustillantes sans queue, Leonardo devint blême et son menton se mit à trembler de façon imperceptible. Il n’y avait plus de doute Leonardo allait mal, même très mal. Lui, si souriant, si affable, si jovial (sauf en mer) était l’ombre de lui-même. Au bout de trois jours il finit par exploser. Il ne supportait plus les charmants villages de pierre de nos belles provinces de France. Il faisait une overdose de centre-villages guillerets à fanions colorés du 14 juillet, de boucherie-charcuterie-traiteur sur la rue principale, de presse qui ferme entre midi et quinze heures. Leonardo, citadin élevé à la bonne pollution banlieusarde, à l’enfance schizophrénique, balloté entre Bagneux ville communiste et Sceaux ville cadresuperioniste, faisait une régionite aigue. Leonardo était en manque de mojito à 12 euros en terrasse, de café verre d’eau qui arrive sans verre d’eau. Il en venait même à regretter le service erratique de chez Rose Bakery, sanglotant en évoquant la pizza Carciofi de chez Grazie . Kate de son côté était atteinte d’un autre symptôme, nouveau aussi , pour la première fois de sa vie elle n’avait aucune envie de rentrer à la capitale, trouvait qu’une mauresque valait bien trois Pimm’s, et que finalement les gammes de couleurs chez Phildar (seule mercerie dans la ville de ses Parents qui est, je tiens tout de même à le préciser, une charmante Sous-préfecture des Hautes Pyrénées avec une coquette place et des fanions colorés) était vraiment chouette et que franchement c’était pas la mort si elle n’allait pas comme chaque été baver chez Bonpoint dès le 15 aout. Bref ce fut le choc : Kate et Leonardo n’étaient absolument plus sur le même bateau, Leonardo en hors-bord se dirigeait vers la capitale, Kate dans sa barque, ramait en rond et adorait ça. Comme il fallait tout de même rentrer sur Paris, après une discussion très légèrement houleuse (pas de quoi donner le mal de mer à Leonardo) il fut convenu qu’ils regagneraient la capitale par la côte afin que Leonardo puisse retrouver ses pairs, des bobos en birkinstocks, panama, chemise blanche et pantalon en lin sur teint légèrement halé ou rosé suivant la carnation de départ. C’est ainsi que Leonardo retrouva un peu de gaité sur la jetée d'Arcachon menant à la navette du Cap ferret puis enfin un sourire franc et massif devant un plateau de fruit de mer, face à la dune du Pyla dans ce sublime cadre qu’est le restaurant la Coorniche. Nous étions sauvés. Nous étions certes encore en région (expression de Leonardo si si je vous le jure c’est un horrible chauvin en fait) mais entourés des nôtres.
La Co(o)rniche Hotel Restaurant et chouette bar revu et corrigé par P. Starck au pied de la dune.
Je me souviens... quand on avait pris le thé chez toi, de sa tête effarée quand je lui avais décrit où nous vivions et de sa tête qui faisait Non non toute seule quand je lui parlais de chouettes vacances du côté de Cavaillon...
RépondreSupprimerJe réclame un billet de ce genre chaque lundi matin. Appelle ça comme tu veux: Chronique d'une Parisienne ou plus original... C'est trop bon! (vu de la région?)(et ça fait du bien aux Parisiens aussi, c'est certain.)Encore!
Urbain un jour, urbain toujours!
RépondreSupprimerencore!!!
RépondreSupprimerje suis d'accord avec agathe, il nous en faut plus (régulièrement)? ton style est tip top, tu es super marie !
RépondreSupprimermarie-emmanuelle
J'adore ce billet plein d'auto-dérision :-)
RépondreSupprimerencore encore encore!! tout est relatif finalement, on a souvent le syndrôme Léonardo ici aussi (même si c'est pour une bourgade un peu plus petite que Paris.)
RépondreSupprimer... et le bobo en birken machin il a chaussé quoi ce matin pour la reprise ?
RépondreSupprimerje crois qu'il est encore pieds nus en peignoir avec Louis ... La nounou ne rentre que jeudi :-)
SupprimerJe veux bien m'inscrire pour le billet du lundi!!!
RépondreSupprimermerci marie de ce petit billet , il m'a fait bien sourire...et me rappelle tellement le papa des enfants
RépondreSupprimerLa prochaine fois que vous passez au Ferret, emmène plutôt Léonardo chez Hortense. Vous serez face à la dune aussi, entourés (ou pas) de bobos parigots et de pipolos, et vous dégusterez les meilleures moules de la côté ouest. Et là, c'est toi qui priera Léonardo de bouger ses fesses pour rentrer à la capitale.
RépondreSupprimerj'adore! et tu ne vas pas le croire, ça pourrait même réveillé le côté Leonardo endormi en moi depuis des années.
RépondreSupprimerExcellent ton billet en ce lundi matin plutôt gris chagrin ! Leonardo doit être guéri à l'heure qu'il est, ouf ;-)
RépondreSupprimerJ'adore ! ^^
RépondreSupprimerEncore un billet qui me fait rire... Mais que pense Leonardo de ce genre de billet???
RépondreSupprimerje crois comprendre Léonardo :-)
RépondreSupprimeren plus la dune du pyla est un très bel endroit, alors...
J'adore ton auto derision!
RépondreSupprimerEh ben il est assaisonné ce matin Leonardo....mais bon, bobo un jour, bobo toujours....
RépondreSupprimerAh la la ces banlieusards du 11e ils sont terribles ;-)
RépondreSupprimerOh, votre billet m'a fait rire!
RépondreSupprimerCe paysage, je le connais bien : nous venons justement de le quitter, pour aller habiter Lyon!!!
Je confirme ce que dit Mon Nombril : les moules de chez Hortense sont sublimes (nous ne sommes allés que parce que nous quittions la région. En 13 ans, nous n'y étions jamais allés!). Le soir où nous y étions, ça allait : pas trop de bobos ni de pipolos...
Pour ce qui est de la ville ou de la campagne, actuellement, nous sommes entre deux. Envie de pouvoir faire des choses à pied, pouvoir profiter de transports en commun, etc...
Bonne rentrée.
ah la version bobo d'Arachon, du Cap Ferret vaut également le détour (et leur look exception faite des espadrilles n'a rien à envier aux Parisiens)
RépondreSupprimerAh ton Leonardo m'avait déjà bien fait rire pour votre croisière, mais c'est pas mal non plus ! Ceci dit, La Co(o)rniche, en tant que banlieusarde de l'ouest, j'irai bien aussi !
RépondreSupprimerSuperbe ce resto j'y étais l'été dernier.. Et tes derniers posts sont très très bons Kate!
RépondreSupprimerJe n'inviterais pas Léonardo à passer par chez moi _en vrai_, je crois que rien que l'évocation du département le rendrait neurasthénique :-)
RépondreSupprimer^.^
RépondreSupprimerHeureusement que Leonardo était dans un état de fatigue avancé quand vous êtes arrivés chez nous!!
RépondreSupprimerexcellent :-)
RépondreSupprimerMDR, je risque pas de vous voir jamais par ici alors.... Vraiment trop loin de cette "vie parisienne"!
RépondreSupprimerdonc la vie a la campagne facon bobo c est pas pour demain donc ??
RépondreSupprimer;-)
allez bonne rentre en terre ...connue
Bises
Emma from SF ...in PAris ;-)
A l'heure qu'il est Leonardo doit être totalement rallumé ! ;-) !
RépondreSupprimerEuh, entre Pyla et Paris, je choisis Pyla ! YAPAS!