jeudi 23 septembre 2010

Peur du vide



En fin d’après midi, il y a eu le coup de fil de Mlle L : «On a perdu Adèle ». Elles étaient quatre, un peu en vacances pour cause de grève. Elles avaient l’autorisation d’aller acheter des mines de plomb et des jolis carnets. A 16h47 elles n’étaient plus que trois.
Une blague qui tourne vinaigre. Un jeu de cache-cache dans les rues et la plus petite se perd. Mlle L est la seule à avoir un portable, je les rejoins et nous voilà refaisant le chemin de chez l’une à chez l’autre à la recherche d’Adèle. La rue est vide, si vide… Le pas se fait de plus en plus rapide, les larmes coulent sur les joues rebondies, la montre tourne.
Je téléphone à une autre maman, à un papa. Petit à petit le réseau des portables se met en branle. Ne pas paniquer. Puis au bout d’une heure trente, trouver enfin le numéro de la grande sœur. Adèle est avec elle, chez elle. Elle s’était remisée chez les voisins. Quand je lui dis qu’on a eu peur, si peur elle fond en larme, Mlle L aussi. Autour d’un verre de jus de pommes, nous les avons regardées, nous n’avons pas crié… Elles avaient déjà compris la gravité de ce qui s’était passé.
Ce soir nous sommes un peu sonnés mais nous nous sommes promis de mettre en place une solution de repli pour que jamais nos filles se perdent, qu’elles aient toujours un endroit sûr ou nous attendre en cas de clefs perdues ou de portable volé. Je réalise à quel point il nous faut les accompagner dans cette liberté à apprivoiser.

32 commentaires:

  1. C'est sûr, ce n'est pas facile cette étape, ils ont grandi mais la rue, le monde, les gens, les imprévus, tout peut tout chambouler.
    Heureusement cela s'est bien fini, mais un grand OUI à la solution de repli !

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  2. Quel flippe!!!!!!!!!!et la solution de repli et un bon stratège!!!!!!!!

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  3. ouhhhh j'imagine votre peur mais ça s'est bien terminée

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  4. 1h30... quelle angoisse! Ouf tout se termine bien.

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  5. Cette panique là qui monte lentement mais sûrement dans le coeur même quand la tête dit "restons calmes", je connais... et les courbatures dans les épaules et le cou dans l'après-coup aussi...
    Il y a quelques mois on a "perdu" Gilles parti seul à vélo dans le noir, dans notre grande ville, nous rejoindre à un endroit où on n'était pas... et ce stress-là je ne suis pas prête de l'oublier même si tout s'est bien terminé et qu'au final j'étais même fière de lui, puisqu'il avait fait ce qu'il fallait...
    Effectivement, placer des balises et continuer de faire confiance, c'est le plus important... le vrai danger est sans doute pour ceux à qui l'expérience d'un espace de liberté et de sécurité qui s'élargit petit à petit est refusée...
    Bref, prenez bien soin de vous après ces minutes (qui paraissent des heures) de vertige..

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  6. oh mais quelle angoisse... ce que tu dis là, les laisser s'échapper, un peu, me fais déjà si peur, et pourtant il faut, alors tu as raison, il faut anticiper et trouver des solutions, au cas où... merci pour tes mots, les expériences des unes et des autres nous font avancer...

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  7. ... Très bonne idée que cette solution de replis à prévoir à l'avance !! ...

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  8. Oh Marie j'imagine ton angoisse ! Elles ont compris c'est certain et entre parents vous allez former un super filet pour que ces jeunes filles puissent rebondir si elles tombent dans le vide de portable ou de clés
    Je t'embrasse fort.

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  9. Oh my god ! Je t'imagine avec ton téléphone à l'oreille, ta fille qui pleure, la frousse... On en avait parlé jeudi dernier ! Un commerçant peut-être, que les enfants connaissent bien...
    Bises,
    Alexandra

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  10. Ohlala, quelle trouille! Difficile de trouver la bonne mesure, entre surprotéger, et les laisser découvrir le monde... L'essentiel est que les filles ai eu le réflexe d'appeler!

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  11. Des moments qui font vraiment peur... Et pourtant, il faut en effet leur apprendre à gérer l'imprévu, à penser à prévenir, à laisser des mots, des traces, pas pour les fliquer, juste pour les protéger...

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  12. Mais quelle horreur...Juliette à raison cette expérience doit nous servir à toutes et tous....

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  13. gasp, argh, oucht.
    my god.
    j'ai des frissons
    et chapeau pour ton calme efficace.
    des pensées pour L. qui a dû avoir si peur.

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  14. je me souviens de ces débuts d'adolescence, ces jours de feu et d'angoisse, et je crois aussi de cette nécesicité pour eux de les vivre, et pour nous, les parents, de ces angoisses à les supporter.

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  15. quelle horreur, j'imagine a peine l'angoisse...

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  16. ouffffffff
    eh beh les bichettes ... elles ont du vraiment avoir peur.Bravo pour ne pas avoir paniquer..ni trop gronder
    Emma From san francisco

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  17. Quelle angoisse, quelle frayeur !
    C'est bien d'avoir organisé une solution de repli.

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  18. là je respire... rien que de te lire la gorge qui se serre ! solution de repli: oui ! confiance et prévention : oui aussi ! Samantha

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  19. Ouille, quelle frayeur !
    Eliott a pris son indépendance en 6e et ça ne m'a jamais trop inquiètée parce que Tours était une petite ville et notre quartier, un havre de paix. Mais je lui laissais quand même toujours un portable dans la poche pour pouvoir le joindre ou qu'il puisse me joindre. Sans ça, je crois que j'aurais été beaucoup moins tranquille !

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  20. Un jour, il y a trois ans, j'ai perdu (une minute ou deux peut-être...) Hélo dans le métro à Paris... Nous avions tourné, elle avait continué tout droit: je me suis retournée: plus personne... Elle avait passé les portes en métal et pleurait de l'autre côté...
    Je me suis rendue compte à quel point le métro ressemblait à un labyrinthe... Depuis, je leur écris mon numéro de portable sur les mains et je m'accroche à elles quand nous descendons des rames... Je dois ressembler à une provinciale folle...

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  21. j'imagine l'angoisse... et bien oui à la solution de repli...

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  22. ... oh marie comme le temps a dû te paraître long. tu pourrais peut être faire tisser des étiquettes avec nom et tél. et les coudre à l'intérieur des manteaux ?

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  23. Oh l'angoisse...quelle horreur...tu as raison pour la solution de repli...ce n'est pas facile de gerer cette necessaire independence dans le monde d'aujourd'hui.

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  24. Oh la la, quelles angoisses!
    J'ai déjà perdu aussi un de mes enfants, on ne vit plus pendant le temps de la recherche, on imagine le pire, c'est horrible!

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  25. même histoire une dizaine d'années auparavant;..et il me semble que le danger est beaucoup plus présent dans nos rues aujourd'hui...
    c'est vrai que ta rue est bien calme et aussi étroite que la mienne

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  26. je n'ai perdu ma fille qu'un quart d'heure au coeur d'une place bondee,
    seulement un qaurt d'heure
    et mon coeur et mon souffle ne fonctionnait plus.
    alors 1h30 ... je n'ose imaginer ...

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  27. Nous habitons au-dessus d'une boulangerie, c'est la solution de repli, il faut que je pense à donner nos numéros à la boulangère, tiens. Mais quelle panique ça a dû être ...

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  28. Rho le stress... tout est bien qui finit bien !

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  29. comme vous avez dû avoir peur... heureusement que tout se finit bien... douce pensée...

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  30. Je réalise à quel point il nous faut les accompagner dans cette liberté à apprivoiser.


    cette phrase est magnifique... comme beaucoup d'autres que je découvre au fil de ma lecture de ce blog... beaucoup de sensibilité ce dégage de tes/vos posts.

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