Embarquement immédiat

Nous avons passé la journée et la soirée de la veille du départ à Londres. Moi au bureau et lui a arpenté la City en effervescence. Nous avons dîné dans ce quartier qui avait été le mien pendant presque 3 ans et passé la soirée chez mon amie Gwen. Le lendemain le train pour Southampton nous attendait à Waterloo. Un peu émue sans doute, j’ai égaré mon billet de train et à quelques minutes du départ il a fallu en racheter un autre. Le train, comme tout train anglais qui se respecte, est arrivé fashionably late. Nous étions dans cet état suspendu qui précède les grands départs.

Quand j’ai demandé mon chemin au pub pour trouver le bateau, la réponse fut si simple que j ai presque eu honte de l’avoir suscitée: « Hi Sweety, you go straight down to the sea and she will be there. You can’t miss her ».
Nous avons descendu l’avenue grise et triste en tirant nos petites valises noires. Les rues étaient vides et à l’approche du port elle est rapidement apparue sur notre droite. Noire rouge et blanche  elle n’avait pas l’air si imposante mais plus nous nous rapprochions plus sa grandeur et sa présence étaient palpables. Le Queen Mary 2. Les bateaux en anglais sont féminins et traités comme des Ladies. Le Queen Mary lui est traité comme une Reine et j’avoue que tout au long de ce voyage j’ai eu l’impression d’un véritable privilège que d’être à son bord, de faire ce voyage mythique, de traverser l’Atlantique comme au siècle dernier.
L’Ocean Terminal devait nous permettre d’embarquer et nous étions les seuls passagers à arriver à pied. Les taxis se succédant à un rythme effréné déversaient devant le terminal de nombreux passagers et d’encore plus nombreuses valises, vanity cases et caisses à chapeaux. Je crois que c’est à ce moment précis que j’ai réalisé combien j’avais sous-estimé l’art du bagage et de la toilette pour ce voyage et qu’il était évident que mon unique robe de soirée H&M à 29€90 100% viscose n’allait pas faire le poids devant les magnifiques tenues que j’imaginais dans ces bagages.
Au moment de  l’embarquement, nous avons appris que nous avions été surclassés et nous nous sommes vu attribuer une Suite AA sur le deck 9 à l’avant du bateau. Une bouteille de champagne, des fraises recouvertes de chocolat et nos « Butlers » nous y attendaient. Robel et Joseph étaient là pour nous rendre le voyage le plus agréable possible.
La nuit tombait quand nous avons quitté Southampton. Les lueurs de la ville s’éloignaient au loin et le bateau s’enfonçait dans la pénombre sur une mer légèrement agitée. Nous avons bu notre bouteille de champagne. L’homme était très en verve et m’énonçait toutes les activités qu’il désirait faire durant les 6 prochains jours, un véritable agenda de ministre. Je le regardais en souriant. De mon côté j’avais prévu un agenda tripartite : tricot, lecture et repos et j’avais bien l’intention de m’y tenir. Il pouvait bien aller courir autour du pont : je le regarderai de mon transat.