lundi 21 novembre 2011
Au deuxième jour
Après avoir dîné d’un mémorable tournedos Rossini arrosé d’un rouge charpenté, nous avons rapidement sombré dans les bras de Morphée, bercés par la respiration régulière de Poséidon. Mon sommeil fut lourd et profond. Je me suis demandé si cette sensation de lévitation n’était pas ce qui se rapprochait le plus de la vie intra-utérine. Au petit matin j’ai écarté le lourd rideau de velours pour découvrir ce paysage qui allait nous accompagner pendant les six prochains jours : la mer, l’eau, l’océan à perte de vue. Rien qui accroche le regard. Une grande paix intérieure m’a envahie. Je me suis levée pour effectuer quelques ablutions et me suis demandé si mon pas mal assuré était dû aux excès éthyliques de la veille ou au roulis du navire. La douche fut particulièrement périlleuse et j’ai dû prendre appui plusieurs fois sur le mur pour ne pas choir dans mon bain à remous. En sortant de la pièce d’eau j’ai dévisagé mon Leonardo encore endormi la boucle blonde et la barbe rousse en bataille. Il avait l’air si paisible. J’ai déposé un baiser sur son front et mon baiser fut accueilli par un gémissement qui n’était pas le gémissement de délice habituel mais une sonorité rauque, un son empreint d’une profonde douleur. Mon Leonardo ouvrit un œil vitreux et me dévisagea. Son teint était verdâtre tendant sur le bleu. Aucun mot ne sortit de sa bouche. Son visage devint blanc puis jaune. Il tenta de se lever et il devint gris. Il fallait se rendre à l’évidence mon fier pirate avait le cœur chaviré et semblait avoir 70 ans, l’âge moyen de nos compagnons de galère. Sa carnation allait au cours des prochaines 48 heures passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, un véritable nuancier pantone. Une prouesse en soi, accompagnée de râles gutturaux tout aussi surprenants qu’inquiétants. Un pirate qui souffre d’un mal de mer carabiné je vous le dis ce n’est pas beau à voir…
Mon sens du devoir et de l’abnégation m’a fait immédiatement appeler Joseph notre Butler en utilisant la touche prévue à cet effet sur le téléphone (depuis notre retour je cherche désespérément cette touche sur mon smartphone et je ne la trouve pas) qui de toute évidence en avait vu d’autres. Il est arrivé avec quelques cachets contre le mal de mer et a conseillé à Leonardo de les prendre avec un whisky. J’ai prudemment opté pour une posologie plus sobre : un verre d’eau et deux cachets. J’ai bordé l’homme et je suis partie prendre mon petit déjeuner (faut pas rigoler avec le petit déjeuner. Tous les nutritionnistes du monde vous le diront, c’est le repas le plus important) – blueberry pancake and side of crispy bacon, orange juice and Earl grey - A mon retour l’homme était toujours allongé l’œil et le ventre vide. Au bout de 24h il fallait se rendre à l’évidence les cachets n’avaient aucun effet et nous avons décidé de descendre au Medical Center ou une infirmière tout aussi charpentée que le vin de notre premier dîner lui a administré une injection d’un autre médicament qui n’a pas eu plus d’effet. L’homme était vert. Je pensais faire une croisière avec Leonardo et je me retrouvais avec Shrek post régime Dukan (faut dire que après cette croisière j’ai moi-même la silhouette de Fiona).
Nous avons fini par écouter les conseils de Joseph et j’ai servi un whisky on the rocks à Leonardo. L’effet fut immédiat. Il a sifflé son verre pendant que je boulottais les canapés qui apparaissaient magiquement dans notre cabine vers 18 heures tous les soirs. Leonardo a vomi puis de façon surprenante repris des couleurs plus classiques : rouge puis rose. Il avait presque l’air d’un jeune homme de 60 ans quand il m’a dit : « Je crois que j’ai faim… »
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Très joli ton arc en ciel sur la mer qui n'est pas sans évoquer les couleurs de Léonardo-shrek...
RépondreSupprimerdonc tu n'as pas utilisé notre playlist
RépondreSupprimerau moins les premières 48 heures ;-)
J'ai des souvenirs de salle à manger vide lors de nos retours d'Algérie, j'étais la seule à ne pas être malade avec mon père !
;-))))))))))
RépondreSupprimerheureusement que tu l'aimes ton leonardo!
j'adore!
RépondreSupprimerMais dans les films ils dansent, rient, s'amusent et rien ne semble bouger autour d'eux.
RépondreSupprimerLe Queen Mary est si petit ????
Mais continue...
j'attends la suite de l'aventure avec impatience...
RépondreSupprimerPour n'avoir vu de la Corse pendant 48h que le fond d'un seau, je compatis avec ton Léonardo !
RépondreSupprimerLa suite, la suite !! sss'iiilll ttteee ppllaaaiiittt MMMAAAAARRRIIIEEEE ;o)
Ah ben quand même, il va attaquer le buffet Leonardo ! Ce serait dommage de pas en profiter, c'est tout à volonté ;-)!
RépondreSupprimer:-)))) Le pauvre... C'est horrible, le mal de mer...
RépondreSupprimerAh la mer, quelle aventure !
RépondreSupprimerouille!! ça doit être l'enfer pour l'Homme, vite quelque chose pour le soulager..Alors???
RépondreSupprimerMoi, je me marre... je crois que c'est le billet le plus drôle que j'ai jamais lu, depuis que je blogue... Remercie le de ma part!
RépondreSupprimerEn fait, je m'en doutais mais le Docteur AGA c'est toi!
Et le "la la la" c'est le troisième jour, alors? Quel suspense...
suis ecroulee de rire...je compatis profondement avec leonardo mais la description est telle .....
RépondreSupprimerhahaha! Leonardo va mieux j'espère?
RépondreSupprimerj'ai hâte moi aussi de connaître la suite de la traversée! j'ai des amis qui vont faire ce voyage l'été prochain pour nous rejoindre de l'autre côté de l'Atlantique...je crois qu'ils vont lire tes posts avec attention ;)
Ah pardon, je suis écroulée de rire à la lecture de ce récit.
RépondreSupprimerShrek post Dukan ?! Le pauvre, je compatis, je n'aurai jamais fait une telle croisiere par peur du mal de mer...
RépondreSupprimerTellement drôlement bien raconté !
RépondreSupprimerMerci !
Je suis morte de rire et je l'imagine tout à fait
RépondreSupprimerRhaaa je veux partir en voyage avec toi rien que pour rigoler:)
Et le petit-déjeuner me fait baver, surtout le bacon, slurp
RépondreSupprimerShrek et Fiona sont dans un bateau. Shrek a bobo, que fait Fiona ? Elle part boulotter des pancakes. Faudrait pas gâcher !!!
RépondreSupprimerdrôle à lire mais quand même une pensée pour ton pauvre léonardo-Shreck-post-duncan!
RépondreSupprimer(J'espère que vous avez pu profiter ensemble des jours suivants )
hehehe
RépondreSupprimerMouhahahahahahahahahaha!!!!
RépondreSupprimerMarie, t'es vache!!!!
Kisses
encore! encore !
RépondreSupprimeraïe, je compatis. j'ai le mal de mer rien qu'à te lire. En tout cas, ta plume me ravit :)
RépondreSupprimerau passage, j'adore la cravate ;)
RépondreSupprimerah oui, comme quoi le butler a toujours raison !!!!!!
RépondreSupprimerpremier prix du scénario pour l'homme
RépondreSupprimerpremier prix pour les dialogues à toi
et un succès public assuré pour les remake à venir...
(la référence au pantone, j'adore !!!!)
T'aurais pas du emporter un disque de Céline Dion, c'est fatal!!!
RépondreSupprimerQue ce récit est drôooooooooooooooole! Vivement le 3ème épisode!
Excellent!!! Mais pauvre Leonardo quand même... Ceci dit, il faut toujours écouter les habitués, on gagne du temps, tu ne t'es jamais demandé pourquoi les marins buvaient?
RépondreSupprimer(et tu m'as donné une telle envie de dormir à nouveau en mer, y'a rien comme ce sommeil là!)
J'ADORE ;-)
RépondreSupprimerVin rouge (charpenté)....mal de mer....????? Allez savoir la cause...... Mais tu as raison le pdj est le plus important et le meilleur des repas ;-) profite bien
RépondreSupprimerLa suite ! La suite !
RépondreSupprimerohlàlà, le paradis se transforme en enfer... :-(
RépondreSupprimerj'adore ta plume mais sur le moment tu n'as pas du rigoler quand même (et ton homme j'imagine même pas...)
J'espère que vous avez pu profiter de la fin du voyage!