mardi 3 septembre 2013

Naufragés du ciel






La veille de notre départ nous avions prévu de faire du rangement et du ménage et de finir nos valises. Pour terminer en beauté ce voyage, je nous avais inscrits à un dîner Kinfolk (je vous en reparlerai), un dîner à deux, en amoureux le luxe le plus total après plus d’un mois en huis clos à sept, 24h su 24 et  7 jours sur 7. En rentrant de notre escapade, légèrement pompette, je caressais avec tendresse la cuisse de Leonardo au volant de son Chevrolet 7 places noir, vitres teintées, climatisation antarctique et lecteur de DVD intégrés et lui disais combien je trouvais que ce voyage avait été d’une simplicité désarmante, comme si il y avait une évidence, une sorte de « it had to be attitude ». Ce dîner nous avait permis de ne pas passer la soirée dans cet état vide qui précède les voyages, quand on est déjà parti dans sa tête mais encore physiquement là. C’était parfait, tout était PAR-FAIT. Je rajoutais que j’avais le cœur gros de partir que je serais bien restée un peu plus et là j’avoue qu’avec le recul je me dis que j’aurais mieux fait de fermer ma grande gueule. Mais bon j’avais bu de délicieux cocktails aux marionberries, l’air été doux quand on éteignait la clim, la lune était rousse, rien ne pouvait laisser penser que quelqu’un, quelque part allait prendre en compte cette demande saugrenue. Le lendemain après avoir réveillé notre marmaille endormie à 6h du mat, fait tourner une dernière lessive, chargé nos 4 valises, 2 sacs à dos et 1 siège auto nous partions en direction de l’aéroport.Une fois rendu notre somptueux carrosse de fer, nous nous dirigeâmes vers le comptoir Delta  l’œil ensommeillé et les enfants grognant. A la borne, impossible de faire sortir nos cartes d’embarquement, encore innocents de notre sort futur, nous avisons l’hôtesse au comptoir et lui annonçons que nous sommes sur le vol de 12h35 pour Detroit. L’hôtesse nous regarde bizarrement, puis scrute son écran puis nous re-regarde et nous annonce que le vol pour Detroit a été annulé le matin même. On lui précise qu'en fait Detroit on s’en bat l’œil mais qu’on rentre à Paris et que sans doute on nous aura mis sur un autre vol parce que quand même c’est fou mais personne ne nous a prévenu que ce vol était supprimé. Elle reregarde sur son écran remarque que oui un des dossiers a été transféré sur le vol d’Amsterdam mais qu’elle ne voit pas les autres dossiers. Et là tu te dis que quand même il y a quelque part un employé qui a donc bien vu qu’ils y avaient des passagers pour Paris et on imagine un peu la scène.   A 5h du mat, Tom annule le vol pour Detroit sur le serveur Delta. Il regarde la liste des passagers et voit qu’il il a des gens en correspondance. « Tiens je vais les transférer sur le vol d’Amsterdam » se dit-il. Il commence avec le premier dossier, celui de Sibylle, il transfère les infos, il souffle c’est un peu pénible. Il termine son grande latte, réalise qu’il a envie d’aller aux restroom, quitte son poste de travail,  au retour dans le couloir il tape la discute avec Sean et lui dit qu’il en  marre de faire le shift de nuit que sa femme en peut plus de ne pas le voir et qu’en plus ces cons ils ont annulé le vol de Detroit. Subitement Sean et Tom  arrêtent de parler et fixent au loin Jennifer qui a fait péter une minijupe que plus court c’est un fil de coton qui se tricote en 2,5.Ils ricannent un peu mais pas trop car ils ont peur qu'on les accuse de sexual harassement Tom retourne à son poste de travail il est obnubilé par la jupe de Jennifer, il rêvasse et oublie de transférer nos autres dossiers de voyage et de toutes façons le vol pour Tokyo a été delayed il doit faire une autre mise à jour, il a complètement oublié Detroit.  Et voilà comment on se retrouve à 48 h de la rentrée sans vol de retour devant une hôtesse aussi incompétente qu’incompréhensible et 5 enfants affamés, éparpillés au milieu de miettes de pringles saveur ranch ou pizza je ne sais plus trop, de plus en plus grognon. 2 heures après, alors que nous n’avons toujours pas petit déjeuné et que les enfants se sont déjà au moins étripés 45 fois en jouant au Uno, elle nous annonce qu’elle a pu nous mettre sur un vol le lendemain et nous informe que nous allons donc passer la nuit sur place et qu’elle va nous fournir des vouchers. J’insiste pour qu’elle nous trouve un hôtel downtown, genre au pif le Ace hotel, elle me dit qu’elle va faire de son mieux, il faut toujours se méfier des gens qui disent qu’ils vont faire de leur mieux en général c’est un très mauvais présage. Leonardo est excédé, souffle et jure, Louis a envie de faire pipi, puis caca, puis repipi. Le temps passe  j’immortalise la scène et poste un petit message sur le mur facebook d’Air France qui réagit aussitôt et m’indique que mon dossier est pris en compte et effectivement les choses s’accélèrent elle me donne les vouchers et m’indique que nos places sont réservées pour le lendemain. On part prendre la navette, on croise l’équipe de foot locale des Timbers Paul est aux anges on immortalise de nouveau la scène, on poste la photo sur IG et on l’envoie à son père. Dans un éclair de lucidité (ou de masochisme) je décide de lire  les commentaires sur l’hôtel et découvre que c’est effectivement downtown  mais downtowm Clakamas une ville au sud de Portland. Les coms sont épouvantables mais me font rire. Il faut aussi se méfier des commentaires sur les hotels qui font rire c’est aussi très mauvais signe. On arrive à l'hôtel qui est effectivement épouvantable, puant et hideux, mais il a une piscine et il fait beau les enfants sont ravis. Il est, qui plus est, à un bloc d’un mega centre commercial les filles sont ravies et juste à côté il y a un Old Spraghetti factory les garçons sont ravis. Je vous passe mon agacement au moment de chercher les maillots de bain dans les valises. En repartant le lendemain matin, je fais de nouveau un vœu celui de rentrer à Paris à temps pour la rentrée. Le voyage de retour est une épreuve, un avion vétuste sans écrans individuels, des plateaux repas immangeables, des hôtesses exécrables, nos deux sacs à dos avides de voyage sont partis sur un muavais tapis  mais on s’en fout on  est enfin à la maison ! Ce matin c'était la rentrée de Monsieur P et Mlle A et grâce au jet lag nous étions debout à 5h du matin, à 6h nous avions petit déjeuné et brossé les dents, à 7h nous étions prêts à partir sauf que les portes de l'école A. Baudin n'ouvraient qu'à 8h20.


25 commentaires:

  1. Tu le racontes d'une telle façon que je suis désolée de te dire ça : je suis écroulée en train de te lire ;-) ! Je vois la scène d'ici et finalement relativise mes 11h d'avion dans un sens puis dans l'autre cet été ! Je me disais bien que depuis quelques jours que le joli gâteau était là trônant fièrement sur le blog, y avait du jetlag derrière tout ça ou des déconvenues venant du ciel ! Bonne rentrée à tous et vivement pour le we pour se remettre de cette semaine à 100000000000000 à l'heure !

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  2. Pauvre Marie, quelle aventure ! Si tu savais comme j'imagine tres tres bien la scène, j'ai moi même vécu quelques experiences epiques et pénibles aux US dont un vol cauchemardesque sur A380 avec nos quatre loulous, atterrissage avorté à JFK pour cause de tempête, plus de sac pour vomir dans l'avion tant les gens étaient malades.... Atterrissage a Boston, et pas d'hôtels non plus pour nous malgré des promesses... On a fini dans un motel pourri avant de se faire 9 heures de voiture le lendemain !!! Vive les voyages en avion quand on a une famille nombreuse ! Au fait, je ne peux plus accéder a tes photos IG ? Tes menus me manquent !

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  3. comment veux tu qu'on compatisse en nous faisant rire comme ça!en tout cas,dans l'adversité,ton humour est fatal...

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  4. J'avais suivi sur IG et découvre tous les détails croustillants ... !!!
    Jet lag oblige, vous deviez être nazes hier soir ! (mais nous le jet lag de Californie nous faisait dormir jusqu'à midi ... j'comprends plus rien ! :-) !)
    Dominique

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  5. Quel retour !!
    Bonne rentrée à toute la maison Bastille...

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  6. Ahh Marie comme j'aimerais pouvoir raconter notre aventure des tomettes avec autant d'humour et de détachement. Mais là on est en plein dans le sommet de la crise donc j'n'y arrive tout simplement pas. Bien tôt, c'est sûr ... Bon retour en France parmi nous. Bizzz zu

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  7. Mais ARRETE de nous faire rire avec tes histoires horribles, à croire que tu les inventes exprès, tu en ferais un sitcom qu'il ne serait pas crédible;)

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  8. C'est horrible car avec des billets aussi savoureux et drôles on va finir par croiser les doigts pour qu'ils vous arrivent toujours un truc croustillant à la fin des vacances...
    Bon retour Bises
    Mu

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  9. très drôle la façon dont tu racontes ta mésaventure: nous cet été, on a voulu prolonger en se proposant pr du surbooking (donc nuit hôtel payée +dédommagement) mais dommage la personne avant nous nous a "grillés".

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  10. bon, finalement un seul pbl et le dernier jour . 99 % de reussite, 1% d'echec . le challenge est reussi

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  11. Désolée pour cette aventure qd même stressante... mais je me marre !!

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  12. C'est terrible de raconter un épisode aussi terrible en faisant autant marrer tes lecteurs. Tout à coup, nos petits tracas deviennent vraiment risibles. Bon courage pour les premiers jours ... ils risquent de paraitre longs !

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  13. Quand je pense que je me trouvais aventureuse de rentrer juste la veille au soir de la rentrée de Bretagne, ha ha ! Bon retour et vive le jet lag !

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  14. bon y a pas a dire t es bonne pour ecrire un scenar ;-)
    allez va c est mercredi aujourd hui...a Paris.
    bises
    Emma from SF

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  15. Nous aussi aux vacances de Mai, Air France nous a déplacés pour un vol retour New-York/ Charles de Gaulle sur Delta avec nourriture immangeable et sans écrans individuelles : la tête des enfants quand ils ont découvert leurs sièges...

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  16. tu me fais rire, c'est du concentré de bonheur ton récit!!!

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  17. ce voyage ne pouvait pas finir sans un "petit truc extraordinaire"....et puis ça vous a peut-être évité les petites angoisses de rentrée.

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  18. tu devrais en faire un roman... tu as un don pour faire rire avec des histoires pénibles!!! bonne rentrée!

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  19. Voilà pourquoi on hésite à retourner sur la West Coast: c'est déjà super loin et les conditions de voyages sont aléatoires! Dingue comme qualité de service, quand même...

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  20. une plume, du talent !! mdr !! j'avais vu les photos sur IG, m'inquietant forcement pour la fin de votre beau voyage.. bonne rentrée à la troupe!

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  21. J'ai suivi le feuilleton Portland and family chaque jour (parfois à attendre le résumé du jour !)).Le retour est vraiment une conclusion inespérée avec de l'action (ou pas), du suspens et de l'humour comme toujours....Merci de nous avoir fait voyager tout au long de l'été ! Repartez vite , pour vous suivre du bout de la plume !

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