La campagne à Paris

Il ne s’agit pas de notre ancien quartier de la Mouzaia ou de ces quartiers vers la porte de Bagnolet, ou le lilas embaume , et les glycines croulent sous les grappes violettes. Non, il s’agit de ces tracteurs qui ont envahi Paris.
Sur France Info, hier matin, la journaliste disait avoir été émue par cette parade et j’avoue que j’ai passé un long moment à les regarder défiler sur le Boulevard Beaumarchais. Je me suis demandée si cette vision ne me ramenait pas à mes racines. Si ce spectacle incongru n’était pas une façon pour moi de remonter le temps.
Même si Ernestine, ma grand-mère maternelle, avait depuis longtemps dû renoncer au travail de la terre, j ’ai des souvenirs de pelleporc chez Jeannette et de saison des foins chez les voisins, ou de la traite des brebis chez les Gerbet.
Je me suis souvenue aussi combien le documentaire de Depardon, La vie moderne, m’avait chamboulé et comme les larmes avaient coulé sur mes joues pendant toute la durée de la projection.
Hier, j’ai réalisé devant chez Merci, mes petites valises en Liberty dans la main, que mes racines les plus profondes et sans doute les plus solides étaient paysannes.